Montserrat 2015 expo perso

 

 

2015

SUITE de EXPO PERSO NEW YORK Galerie MONTSERRAT


Véritable « serial thriller », J Dann a un jour qualifié son art d’« abstraction lyrique ».


C’est on ne peut plus juste car en effet, les différentes séries qu’elle a réalisées rappellent les mouvements d'une partition musicale, tantôt allegro, tantôt andante.Et pour cause : J Dann fut bercée par la musique tout au long de sa jeunesse, ayant étudié le piano et le clavecin aux conservatoires de Strasbourg et de Paris. En grandissant, elle ne cesse d’enrichir sa culture en fréquentant les salles de concerts, musées et galeries d’art grâce à l’influence d’une mère particulièrement érudite.
C’est ce double penchant artistique qui la conduit à enseigner la musique, le dessin et la peinture dans divers établissements et jusqu’en 2001. Elle intervient dans diverses manifestations artistiques, telles que le Salon des Arts et le Salon des arts contemporains, mêlant expositions d’œuvres d’art, concerts et déclamations de textes poétiques dans des villes telles que Magnac, Laval et Limoges, où elle réside actuellement. Mais c’est loin d’être tout.  Pourtant, depuis 2011, l’artiste semble avoir ménagé ses forces pour voyager et exposer ici et là.


J Dann mène une vie trépidante. Rien qu’au cours des deux dernières années, elle a exposé en France (à Montmorillon, au Château de Beauregard à Blois, à Aix-en-Provence, à Limoges, au Grand Palais de Paris et à la galerie Monod de la capitale pour sa série intitulée Tre’car 17), à Séoul (exposition franco-coréenne à l’Assemblée nationale de Corée), à la Broadway Gallery de New York et au salon Spectrum Miami, en Floride.
En fait, même si J Dann se consacrait avant tout à la musique classique, le dessin et la peinture ont toujours fait partie de sa vie. Fort heureusement, car un grave accident de la route est venu changer le destin de l’artiste, qui s’est alors orientée vers les arts plastiques.
Son expression artistique passe autant par la peinture à l’huile que par la peinture acrylique, les supports mixtes, les gravures et les dessins à l’encre de Chine.


Originaire de Louveciennes, J Dann connaît bien les paysages ayant façonné et inspiré Sisley et Pissarro. Elle fut d’ailleurs élève de l’Académie de la Grande Chaumière, à Paris (une école aussi prestigieuse que l’Art Student League de New York). Les images qu’elle dépeint ne représentent pas des paysages de nature mais des paysages de l’esprit : un mode d’expression à part entière. C’est précisément la manière dont l’auteur aime à décrire ses œuvres. Pour elle, « les peintures et estampes s’apparentent à l’écriture… elles sont un mode d’expression, une manière de parler… par le biais du geste, des formes et des couleurs… qui révèlent et transmettent tout ce que les mots ne peuvent pas exprimer. » Le non-dit. L’ineffable. L’indéfinissable. L’effervescent.
À la fois poète, peintre et graveur, J Dann signe des images qui sont comme une lettre d’amour à ceux qui contemplent ses œuvres, écoutant « les pulsations du cœur et de la vie. » Comme le dit l’artiste : « C’est un cadeau offert à ceux qui veulent bien l’accepter… Un don de soi totalement désintéressé. Le souffle de l’âme. »

Même si elles reposent sur une palette se résumant à trois couleurs, les compositions de J Dann n’en sont pas moins fascinantes. Des flammes rouges et orange se détachent sur un fond noir profond. Parfois, la présence d’un ton ocre vient (subtilement) nous rappeler que nous sommes des créatures terrestres.
En termes de musique, on pourra penser aux passages les plus sombres des compositions de Beethoven, voire même aux opéras de Wagner. Parfois, les compositions font aussi penser à l’opéra Carmen, même si elles évoquent surtout le ballet L’Oiseau de Feu. En effet, les œuvres de J Dann prennent leur envol dans tous les sens du terme.
Si les couleurs sont époustouflantes d’intensité et d’éclat, les formes revêtent un aspect plutôt viscéral, jaillissant en spirale, tournoyant, virevoltant et laissant des traînées sur un fond noir. Ces formes ploient et ondoient à l’image de flammèches émanant d’un brasier intérieur : de la lave en fusion spirituelle, en quelque sorte. Tantôt elles s’élèvent en serpentins, tantôt elles dessinent des arcs, tels des marques de faux venant griffer et lacérer un ciel profondément brûlé, écorché.
Tre’car 17 illustre à merveille les œuvres de J Dann : un vent solaire embrasé semble s’engouffrer dans un fond à la noirceur d’encre et s’y mêler en une ondulation orangée formant un S. Les flammèches qui s’y élèvent laissent une traînée évoquant des flammes vacillantes.Dans la série Veines du temps, des volutes incandescentes se détachent sur un ciel d’ébène, jaillissant telles des flammes en haut à gauche du tableau.


Toujours dans la palette rouge-orange, jaune et noir de l’artiste, Vertige est une composition  autrement plus physiologique, introduisant l’idée d’une flamme intérieure, d’un « brasier dans le ventre ». Et puis, bien sûr, il y a cette texture. J Dann a mélangé du sable aux pigments, de sorte que les formes fuyantes puissent s’ancrer dans l’espace pictural.
Les compositions dénotent en apparence d’un univers sombre mais il n’en est rien. Les œuvres de J Dann sont éclatantes ; elles s’élèvent dans les airs, sans doute vers les rêves de l’artiste. Et aussi les nôtres. J Dann est à l’évidence une artiste remarquable.

2013

Suite de l'exposition de Septembre 2013 avec la Galerie ARTITUDE à la Galerie Monserrat de NEW YORK

L'un des artistes les plus remarquables fut J. Dann, peintre, graveur mais aussi écrivain, poète et musicienne versée dans la période de la Renaissance.Ancienne élève des conservatoires de Strasbourg et de Paris, J. Dann réalise des peintures et des estampes que certains critiques d'art ont qualifié d'« abstractions lyriques ».Or, il serait sans doute plus à propos de parler ici d'« abstractions baroques » tant il y a d'expressions académiques possibles pour caractériser les œuvres de cette artiste.En effet, le terme « baroque » était autrefois employé dans le monde de l'art pour englober autant les compositions tout en retenue, presque « figées » d'un Poussin ou d'un Vermeer, à un extrême, que les peintures vibrantes d'émotion et aux formes dynamiques d'un Caravage ou d'un Rubens, à l'autre extrême. S'agissant des œuvres de J. Dann, peintre contemporaine de talent, il s'agit d'un bouquet de qualités qui s'expriment dans une seule et même composition.

À l'opposé d'une certaine monotonie qui ressort chez nombre de peintres abstraits, lesquels s'évertuent à créer une « signature esthétique » en se cantonnant à peindre des formes répétitives, J. Dann parvient à donner un éclairage différent dans chacune de ses peintures ou gravures, quand bien même elle use exclusivement d'une sublime palette tonale rouge-orange sur un fond absolument noir.L'idée qui vient immédiatement à l'esprit est celle d'un feu de camp contrastant avec un ciel d'encre par une nuit sans lune et dans laquelle pas une seule étoile n'est visible.Souvent, les formes semblent vaciller comme des flammes sous l'effet du vent.Malgré tout, dans d'autres peintures, le contour des formes peintes par l'artiste est comme finement entaillé, rappelant les lames au tranchant émoussé de certaines armes antiques d'Asie ou de Perse.Ces formes peuvent aussi prendre un aspect liquide qui évoque la lave volcanique, serpentant et ruisselant au gré de la coulée et d'où jaillissent des volutes.Dans ces compositions légèrement plus chaotiques, on remarquera un contraste troublant entre l'aspect méticuleux des représentations abstraites aux contours acérés et le caractère spontané, qu'on peut uniquement rapprocher des allusions aux « coups de pinceaux » expressionnistes savamment calculés et précis du peintre Roy Lichtenstein, rattaché au courant Pop Art américain.La sensualité qui s'exprime à travers cette facette des œuvres de J. Dann n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle des courbes généreuses des personnages bien en chair représentés dans les peintures baroques de Rubens, évoqué plus haut.

Devant l'impression de fluidité qui se dégage des formes créées par cette peintre moderne française, il ne fait aucun doute que J. Dann est aussi graveur : la pureté des lignes est au cœur même des compositions. Le geste transmet l'idée d'énergie mais, s'accordant avec les formes et les couleurs, il offre aussi une foule d'interprétations possibles et ce, autant dans les peintures que dans les estampes de l'artiste polyvalente qu'est J.Dann.

                                                                                                Gallery & Studio NEW YORK  (février/mars 2014)

 2012

Peintre, graveur et poète, J DANN connait la force des mots et les secrets du langage.

Elle se définit comme un peintre de l’abstraction lyrique en ajoutant : «pour moi la peinture et la gravure sont comme une écriture… un langage… une façon de s’exprimer… de passer une émotion… un message… parler… dire… en se servant du geste, des formes et des couleurs… révéler et communiquer tout ce que les mots ne peuvent exprimer : l’ineffable… l’indicible… ». Dans son poème, intitulé Estampes, elle écrit : « l’eau forte creuse le sillon comme une trace de crayon en quelque sorte, ensuite vient l’impression… des couleurs un peu folle et la presse qui s’affole… une autre dimension… ».

Ce qui est frappant chez J DANN c’est la certitude que l’on est toujours en décalage par rapport à la réalité que l’on est censé exprimer. Il résulte de cette remarque une peinture décalée. Du réalisme à l’hyperréalisme, le plus grand souci de l’artiste est d’arriver à dompter et à maitriser la réalité en fuite. Mission impossible que celle qui consiste à s’emparer du réel sur la réalité. Double quête qui lui confère une posture inconfortable, dont elle s’accommode avec sincérité et courage. Sachant par expérience que le destin d’un artiste est un combat de tout instant contre la réalité, contre le langage, pour mériter au bout de cet héroïque duel l’adhésion totale à la réalité, au langage et à son propre être. Dans son œuvre, J DANN affirme sa volonté d’aller à la conquête de l’espace pictural, en faisant fi des obstacles. Elle découvre que non seulement la réalité peut être une fuite, mais également que le discours est souvent conceptuel… 

 

Mustapha CHELBI
Rédacteur en chef de la revue « Le Forum des Arts Plastiques »